dimanche 10 janvier 2010

Christ solidaire




Ésaïe 40, 1-11 ; Psaume 104 ; Tite 2, 11-14 & 3, 4-7

Luc 3, 15-22
15 Le peuple était dans l’attente et tous se posaient en eux-mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait-il pas le Messie ?
16 Jean répondit à tous : “Moi, c’est d’eau que je vous baptise; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu;
17 il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et pour recueillir le blé dans son grenier ; mais la bale, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas.”
18 Ainsi, avec bien d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
19 Mais Hérode le tétrarque, qu’il blâmait au sujet d’Hérodiade, la femme de son frère, et de tous les forfaits qu’il avait commis,
20 ajouta encore ceci à tout le reste : il enferma Jean en prison.
21 Or comme tout le peuple était baptisé, Jésus, baptisé lui aussi, priait; alors le ciel s’ouvrit ;
22 l’Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel : “Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.”

*

Le baptême de Jésus : c’est le temps de la venue de cette bonne nouvelle que Jean annonçait et accompagnait d’exhortations, comme nous dit le texte (v.18), exhortations et appels à la repentance.

Repentance : s’est annoncé alors le temps de la venue d’une bonne nouvelle dont l’éminent signe public est ce baptême du Christ. Cette bonne nouvelle est celle de la solidarité qui se dit dans ce baptême. Car quel besoin de repentir, de baptême de repentance, pour un homme, Jésus, qui est exempt de faute ? Eh bien, c’est là un geste de solidarité avec le peuple éloigné de Dieu. Le Seigneur partage l’exil du peuple, notre exil loin de Dieu ; il vient dans l’exil avec nous afin de nous en ramener.

Être Fils de Dieu, comme le dit de Jésus la voix venue du ciel avec l’Esprit saint apparu sous forme de colombe, est pleinement lié à ce baptême de solidarité. Être Fils de Dieu, réalité intemporelle, s’exprime dans le temps: dans son humanité aussi, Jésus est le Fils de Dieu, et il le signifie dans son baptême. Il a rejoint les humains, il nous a rejoints.

C’est ainsi que dans ce geste, se faire baptiser, qui le solidarise avec nous, Jésus reçoit de l’Esprit, publiquement, sa consécration pour entrer dans son ministère de Messie, de Sauveur du peuple, marquant, selon la promesse des prophètes, le temps de la fin de l’exil loin de Dieu. Signe de la grâce de Dieu, qui vient nous rejoindre dans les lieux de nos exils loin de la liberté pour nous placer devant lui, dans la liberté de l’Esprit.

Lorsque avec l’Esprit venu comme une colombe, la voix déclare Jésus Fils de Dieu, c’est alors, en vertu de la solidarité qu’il montre à notre égard en se faisant baptiser, notre adoption comme fils et fille à notre tour qui est aussi prononcée. Le baptême, qui est en premier lieu un geste d’humilité, un geste de repentir, devient alors le signe d’une régénération qui se concrétise pour nous dans notre envoi.

L’appel de Jean à la justice, Jésus vient de l’assumer par son baptême. Car la solidarité, comme acte de justice, n’est pas un vain mot. Il s’agit d’être concrets. Jésus l’est. Et ce que le Baptiste nous appelle tous à faire, Jésus le fait. L’Esprit l’investit pour cela, et puisqu’il nous donne aussi cet Esprit, il nous donne aussi, comme le dit notre liturgie, la force de le faire.

Car avec ses faibles moyens, mais avec la force de l’Esprit, l’Église a aussi pour vocation de lutter contre les déséquilibres dénoncés par Jean, et qui n’ont apparemment fait, depuis, qu’augmenter. Ce n’est pas un scoop : le déséquilibre que dénonçait Jean n’est pas résorbé.

Alors le Christ est apparu à son baptême en solidarité avec nous pour nous donner la force, pour nous rendre libres d’être solidaires à notre tour. C’est ce que nous allons sceller dans la célébration de la sainte Cène — comme une consécration pour le service, selon le sens même du mot diaconie — qui précèdera l’ouverture de l’assemblée générale de notre diaconat, notre association d’entraide.

R.P.
Vence, AG Entraide, 10.01.10


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